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Le couloir du batîment principal

réalisé par Gabriela Nachef, Clémence Bonnet

Nous nous étions promenés dans les couloirs du collège, quand nous tombâmes sur cette porte à l’allure étrangement attirante, comme si elle nous appelait à y entrer pour découvrir un monde nouveau. Elle était ornée de sculptures en bois, comme si elle avait été créée des siècles plus tôt. Sur chacun de ses bras pendaient des grappes de fruits qui semblaient délicieux, et sa tête paraissait être celle d’un ange, observant chaque personne posant un pied dans ce couloir. Le soleil brillant symbolisait l’appartenance originelle aux Jésuites.

En face, et à plusieurs reprises sur la droite, de vieilles cages rouges à livres, superposées les unes aux autres, attendaient que leurs propriétaires viennent libérer les manuscrits enfermés à l’intérieur pour leur promenade hebdomadaire. Sur chacune d’elles, de nombreux artefacts patientaient, espérant revoir un jour leur possesseur. Des fenêtres séparaient les blocs, laissant passer le peu de lumière que le couloir accueillait.

À gauche, de nombreuses portes, bien moins attirantes que la première, restaient fermées, comme si personne ne les avait ouvertes depuis des décennies. Le plafond, si haut, donnait l’impression de toucher les étoiles. Par groupe de trois, elles brillaient de mille feux, même si, pour Apollinaire, il était grand temps de les rallumer.

Plus loin, à gauche, des escaliers montaient vers les salles où flottent dans l’air les connaissances acquises par les élèves au fil des années. Près des marches se trouvait une porte menant au plus profond du collège, où étaient disposées de nombreuses tables et bancs, une scène, et un vieux piano qui semblait avoir souffert du poids des années, malgré la mélodieuse musique qui en sortait.

Au fond de ce long couloir s’ouvrait à nous la porte du savoir, si haute que nous pouvions presque atteindre les étoiles.

Le pont et l'église Saint-Jean

Les nuages, sombres et chargés, pleuraient doucement au-dessus du vieux pont, déversant une pluie fine et régulière. Une jeune fille, se tenait là, immobile, dotée d’un élégant parapluie noir. Elle regardait avec une profonde mélancolie la Sarine, dont les flots silencieux coulaient paisiblement sous le pont St-Jean. Les pavés luisants, patinés par le temps, arboraient le calme absolu de la Basse-Ville, ce quartier ancien où chaque pierre semblait porter les souvenirs d’un autre siècle. Au bout du pont, sur sa droite, une terrasse déserte semblait elle aussi contrariée de ne pouvoir accueillir de clients sous cette pluie persistante. Les petites tables mouillées, les chaises repliées, formaient une scène figée dans le silence d’un jour gris. En face, de jeunes arbres, dressés avec grâce, s’embellissaient sous la pluie. Ils semblaient savourer chaque goutte tombée du ciel, comme si cette pluie était une bénédiction. Derrière eux, se dressait l’église St-Jean, une petite bâtisse blanche, discrète mais pleine de charme. Son jardin délicatement entretenu abritait de magnifiques fleurs aux couleurs vives, ainsi qu’une statue de saint, majestueuse mais trempée qui semb. Les vitraux encadrés de bois à l’entrée laissaient entrevoir un intérieur chaleureux, empli de recueillement. Dans le jardin, une table ronde, trois chaises et plusieurs bancs en bois invitaient, en temps de soleil, les passants à s’asseoir pour méditer ou simplement profiter de la sérénité du lieu. Un peu plus loin, une mignonne chapelle se nichait dans un coin du jardin, renfermant ses petits secrets mystérieux. Juste devant sa porte, trônait un buste austère, ressemblant étrangement à celui de César, mais portant l’inscription : « Alphonse Liguor », un prêtre renommé aux yeux bienveillants, figé pour l’éternité. Les arbres, secoués doucement par le vent, chantaient chacun leur propre mélodie. Les fleurs de toutes les couleurs se recroquevillaient avec grâce pour se protéger de la pluie. Et au centre du jardin, un arbre majestueux, symbole de renouveau, perdait lentement les éventails fatigués de l’hiver pour faire place à une nouvelle parure. À ses pieds, parmi les pétales tombés, de tendres bourgeons naissaient déjà, promesse discrète du printemps à venir.