Dans les yeux de Canisius
réalisé par Lorine Brechbühl, Thibalut Marcuzzi
Sur ma droite se dressait un long pavé rectiligne de trois étages d’un brun sablé. Le bâtiment était en pierre, dont certaines d’entre elles étaient agrémentées d’un trou au centre. Chaque étage possédait une dizaine de fenêtres aux rebords blancs. Le toit était en tuiles brun foncé et orné de huit chiens-assis et d’un plus petit entre la troisième et la quatrième en partant de la droite. Au deuxième étage, entre la quatrième et la cinquième fenêtre, se trouvait un cadran solaire ancien, flavescent. Celui-ci possédait deux inscriptions latines. “Iesus Hominum Salvator” abrégé en “IHS” ainsi que “Transit Umbra Manent Opera”. Le cadran était surmonté d’une statue en pierre grise représentant une femme vêtue d'une toge et entourée de deux enfants. Elle tenait dans ses bras un troisième.
Un petit chemin en gravillon beige entouré d’un gazon verdoyant menait vers une tour qui marquait la fin de la bâtisse. Sous mes yeux s’étendait un petit parc aux teintes virides pouvant être sillonné par un chemin en goudron menant vers une source d’eau pure. De grands arbres se dressaient le long du chemin. Un arbre attirait mon attention, il ressemblait à une pieuvre géante dont le bout de ses tentacules était rose fuchsia.
Sur ma gauche se tenait une autre bâtisse d'un beige plus candide. Elle était de même taille et forme que la précédente. Une tour au toit conique blanc et noir y était accolée. Le motif du toit formait des zig-zags en tuiles. Les fenêtres du bâtiment étaient blanches. Le toit était également brun et possédait des chiens-assis.
Un autre chemin en gravillons menait jusqu’à l’endroit où je restais stoïque. Je reposais sur un socle de pierre portant une inscription latine. De chaque côté de mon buste se trouvait un buisson vert. Je tenais fièrement entre mes mains un livre et je dominais la cour intérieure du Collège St-Michel.
Moi fourmi
Voilà une journée que j’ai réussi à passer sans me faire écraser comme mes congénères. Me voilà arrivée dans cet endroit méconnu, plongée au milieu d’une foule de géants. Au loin, une forme gargantuesque se dressait et dominait la ville. Elle me semblait posséder des centaines d’yeux. Je ne saurais décrire sa forme, si ce n’est qu’elle était imposante et se fondait à merveille avec le grand voile gris qui nous entourait depuis ce matin. Quelquefois, de l’eau en tombait. Dans ce tumulte, ces imbéciles de géants cherchaient à fuir l’eau comme si celle-ci voulait les agresser. La forme se dressait au milieu d’une étendue verte et rassurante.
De l’autre côté se dressaient d’autres murs tout autant laids et tout autant effrayants que le premier. Ils semblaient s’étendre sur des kilomètres. Certains possédaient des excroissances à des endroits réguliers. L’un d’entre eux était entouré d’une barrière brune décorée d’étranges symboles colorés qui apportaient un brin de joie dans ce monde si morose.
En face de moi, un précipice semblait m’ouvrir ses bras. Il attirait de drôles de rectangles, chacun différent par leur couleur ou leur forme. Ils possédaient deux gros cercles noirs de chaque côté et semblaient tous aller dans la même direction.
Non loin du géant de béton que je décris en premier s’étendait sur plusieurs hectares une toundra verte. Je sentais comme un appel vers elle. Malheureusement pour moi, il s’ytrouvait de grands quadrupèdes marronés ainsi que de petits volatiles d’un noir d’encre que je considérais comme mes prédateurs.
Moi, petite fourmi perdue au milieu de cette plage de goudron dans cette clameur incessante et cette foule d’inconnus, je voyais non loin arriver une coulée d’eau torrentielle qui m’emporterait dans le gouffre situé au centre de cette étendue de béton. Et soudain, tout devint flou, puis noir.